Réseau International Recherche et Génocide (RESIRG
asbl)
Avenue Jules BORDET 160 / 16, 1140 EVERE
Tél : +32 497 02 03 23
E-mail: info@resirg.org ou resirgbe@yahoo.com
Website: http://www.resirg.org/
COMMUNIQUE DU RESIRG
ALERTE PRECOCE A L’INTENTION DE LA COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE SUR
UN PROBABLE GENOCIDE DES POPULATIONS TUTSIES EN REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU CONGO
Alors que nous recevons des informations sur un possible génocide anti-tutsi, en
République Démocratique du Congo, dans le contexte d’une guerre civile qui
implique, notamment, une organisation sociale, politique et militaire connue sous le
nom du Mouvement du 23 mars, notre Association, Réseau International Recherche
et Génocide (RESIRG asbl), lance une alerte sur le sens élémentaire de l’humain,
face au risque de génocide, au pays de S.E. le Président Félix Antoine Tshilombo
Tshisekedi.
On observe, en effet, actuellement, des signes annonciateurs, avec des discours de
haine et des appels à la violence, émanant, notamment, d’autorités officielles et
publiques déjà bien identifiées. Venant de hauts lieux du pouvoir, la stigmatisation du
groupe-cible est relayée sur des réseaux sociaux. La visée ultime de tels appels et
de tels discours est d’exterminer ce groupe, sur base de son appartenance ethnique.
Des assassinats ciblés, réalisés sur le mode opératoire du Hutu Power, au Rwanda,
en 1994, sont déjà documentés. La communauté internationale ayant
malheureusement ignoré ces appels jusqu’à ce que le pire arrive, elle risque, ici
aussi, de n’intervenir que pour compter les morts.
Prenant toute la mesure des responsabilités scientifiques qui sont les siennes,
RESIRG convie toute la communauté scientifique internationale à offrir ses
compétences, pour élucider la problématique d’un processus génocidaire en train de
se dessiner. Ainsi que le précise le Professeur Georges P. Fletcher, de l’Université
de Columbia, USA : « The words have become both weapons and battlefield : Les
mots sont devenus à la fois armes et champs de bataille. » La légitimité scientifique
se doit d’être assurée par la rigueur, la cohérence et la progressivité de la méthode.
RESIRG souhaite appeler la communauté des chercheurs à mener des
investigations qui se placeraient sous le seul signe de la responsabilité scientifique :
- responsabilité qui trace une ligne de « démarcation entre discours politique,
idéologique et discours scientifique », le premier « maximisant les confirmations » de
sa thèse et « minimisant les infirmations », ce qui, selon « La théorie de la
connaissance », se trouve « à l’opposé de l’esprit scientifique », ainsi qu’en avertit un
éminent chercheur, à savoir Claude Troisfontaines1
. - responsabilité scientifique sur l’adéquation entre les faits et leur qualification, sur la
clarification terminologique des faits, en commençant par vérifier la réalité des
méfaits et des exactions qui auraient été commis, ou qui seraient en train d’être
commis ; - responsabilité scientifique quant à la validité de la documentation et des
témoignages, dans toute la diversité de leur nature, par rapport à la matière en objet.
C’est alors que seront dits droit et justice et, ainsi, affirmer « le lien entre le coupable
et ses victimes, ou, dans le cas d’un crime contre l’humanité, entre le coupable et la
communauté humaine2
. »
Cela étant posé, il y aurait indécence à ignorer les morts, du seul fait que la
qualification n’en est pas imputable au génocide. Notre pensée va donc aux victimes,
à toutes les victimes, et à leurs familles, dans cette guerre qui avait tout pour être
évitée.
Fait à Bruxelles, le 19 décembre 2022
Pour le Réseau International Recherche et Génocide (RESIRG asbl)
1
Troisfontaine C. Théorie de la connaissance. Louvain-La-Neuve. Diffusion universitaire, 2000, p. 6-7.
2
Fierens (J.). La qualification de génocide devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda et devant les
juridictions rwandaises. Journée des génocides et des crimes contre l’humanité. Lyon, 24 avril 2002.